A propos des sistres de l'âge du bronze final

PAR

P. ABAUZIT (Moulins *

Ce n'est certainement pas le résultat d'un simple hasard si l'on a pu voir publiées dans une même récente livraison du bulletin de la S. P. F., une courte note de notre collègue et ami G. Cordier, concernant en particulier un tintinnabulum du musée de Montauban (1), et par ailleurs, notre indigeste étude sur le dépôt de Charroux (Allier), dans laquelle nous avons consacré un long et prudent paragraphe au tintinnabulum provenant semble-t-il de ce dépôt (2).

Nous soupçonnons plutôt de quelque malicieuse intention les responsables de cette « coïncidence » qui nous oblige à revenir sur l'inventaire donné par notre collègue des tubes en bronze à bélières ornées d'anneaux ou de croissants trouvés en France. Nous maintenons tout d'abord le point de vue exprimé dans notre étude précitée, à la suite de Déche- lette, à savoir que les tubes à bélières et anneaux de Charroux et de Sens sont typologiquement distincts des tubes à bélières et anneaux de Bré- gnier-Cordon (Ain), Saint-Barthélémy-de-Vals, « Rochetaillée » (Drôme), Boissy-aux-Cailles (Seine-et-Marne), et de la station de Grésine (lac du Bourget). Il nous semble même que, malgré ses dimensions un peu exceptionnelles, l'exemplaire du musée de Montauban doit être rangé, comme les exemplaires de Sens et de Charroux, dans la catégorie des étuis à aiguilles : bélières relativement frêles disposées en deux rangées diamétralement opposées.

Corrélativement, et nous nous en excusons auprès de notre sympathique collègue, les points 4, 5 et 7 de sa carte de répartition doivent être supprimés, et deux cartes de répartition distinctes devraient être établies : l'une pour les sistres du bronze final, l'autre pour les étuis à aiguilles de la Tène III. Nous ne reviendrons pas d'ailleurs sur la question de la datation de la seconde catégorie d'objets, au sujet de laquelle nous avons précédemment exprimé quelques doutes et posé quelques points d'interrogation, mais qui dépasse nos moyens d'investigation très limités.

Disons simplement que notre opinion quant au vieillissement éventuel des étuis à aiguilles genre Charroux s'est trouvée, depuis la rédaction de notre article, singulièrement infirmée à la suite d'une visite au musée d'Ensérune, commune de Nissan (Hérault), dans les vitrines duquel nous avons aperçu au moins 3 étuis à aiguilles typiques à bélières latérales et anneaux. Or l'existence d'un horizon bronze final est loin d'être établie, jusqu'à présent, dans la stratigraphie du célèbre oppidum languedocien. Bien au contraire, les phases les plus anciennes du « premier âge du fer languedocien» (niveau Cayla-1 /Moulin et niveaux antérieurs), qui sont